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Un tiers des pays et territoires dans le monde ont été touchés par les armes explosives en 2023

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Plaidoyer | Réduction de la violence armée | Urgence | International | PUBLIÉ LE 22 avril 2024
Fouad, 9 ans, est originaire de Gaza. Réfugié dans un premier temps chez son oncle, il a été blessé lorsqu'une maison voisine a été bombardée.

Fouad, 9 ans, est originaire de Gaza. Réfugié dans un premier temps chez son oncle, il a été blessé lorsqu'une maison voisine a été bombardée. | © S. Hejji / HI

Le 22 avril 2024, le Réseau international sur les armes explosives (INEW)* publie l'Observatoire 2023 des armes explosives. 75 pays et territoires ont été touchés par l’utilisation d’armes explosives, indique le rapport.

Un nombre effarant de morts

L'Observatoire 2023 des armes explosives est le deuxième rapport mondial sur les bombardements et les pilonnages dans les villes et les zones peuplées. Le rapport indique que les civils d'au moins 75 pays et territoires ont été affectés par l'utilisation d'armes explosives en 2023. Le nombre de civils tués par des armes explosives a augmenté en 2023 par rapport à 2022.

Dans son rapport annuel, Action on Armed Violence (AOAV) fait état d'une augmentation inquiétante des morts civils et des incidents causés par les armes explosives dans le monde en 2023, avec une hausse de 122 % de civils tués par rapport à l'année précédente. AOAV rapporte également une augmentation de 69 % des incidents liés à l'utilisation d'armes explosives. Les frappes aériennes sont responsables de 67 % des décès de civils. Dans les villes, 90 % des personnes blessées par des frappes aériennes sont des civils.

L'Observatoire 2023 des armes explosives attribue en grande partie cette augmentation à l'utilisation d'armes explosives à Gaza. Le nombre de civils tués a également augmenté dans d'autres pays et territoires en 2023, notamment au Soudan, au Myanmar, en Syrie et au Pakistan. Des morts civils ont également été rapportés en Ukraine, en Éthiopie, en Afghanistan, au Yémen, en Irak, etc.

Des infrastructures vitales touchées

En 2023, des armes explosives ont été utilisées dans 763 attaques contre des établissements de santé dans 20 pays et territoires. Elles ont été utilisées dans au moins 296 attaques visant des établissements scolaires dans 21 pays et territoires. L'Observatoire 2023 des armes explosives fait également état d'au moins 470 attaques visant l'aide humanitaire dans 11 pays et territoires.

La publication de l’Observatoire 2023 des armes explosives a lieu six mois après le début de l'escalade de violences à Gaza et deux ans après la guerre actuelle en Ukraine, où, dans les deux cas, des armes explosives sont systématiquement utilisées en zones peuplées.

En novembre 2022, 83 États ont approuvé à Dublin un accord international visant à mettre fin aux dommages et aux souffrances causés aux civils par ces pratiques. Aujourd'hui, 86 États ont rejoint l'accord officiellement connu sous le nom de « Déclaration politique sur le renforcement de la protection des civils contre les conséquences humanitaires résultant de l'utilisation d'armes explosives dans les zones peuplées. »

Cérémonie officielle du Monument au Civil Inconnu dans les jardins du château de Dublin, le 18 novembre 2022, avant l'adoption de la Déclaration internationale contre les bombardements de civils. © G. Lordet / HI

Cérémonie du Monument au Civil Inconnu avant la Conférence de Dublin en novembre 2022. © G. Lordet / HI

Fouad, 9 ans, doublement victime d’un bombardement

Agé de 9 ans, Fouad est l'une des nombreuses victimes des bombardements et des pilonnages à Gaza. En fait, il est doublement victime des bombardements : tout d'abord, il a été directement blessé par l’explosion d'une bombe larguée sur une maison voisine. Ensuite, il ne peut pas recevoir les soins dont il a besoin en raison des bombardements intensifs qui ont détruit toutes les infrastructures et tous les équipements médicaux. Il a également dû fuir et vit désormais dans un camp de déplacés surpeuplé à Rafah, dans des conditions d'hygiène difficiles. Fouad, qui aurait pu être facilement pris en charge en temps normal, risque d’avoir un handicap permanent.

Fouad, 9 ans, est originaire de Gaza. Réfugié dans un premier temps chez son oncle, il a été blessé lorsqu'une maison voisine a été bombardée. © S. Hejji / HI

Fouad, 9 ans, a été blessé lors d'un bombardement. Il a été opéré à la jambe. Les conditions de vie dans le camp de déplacés ont aggravé ses blessures, entraînant une infection et la nécessité d'une nouvelle intervention chirurgicale. Autrefois actif, aimant le football et le vélo, Fouad a maintenant toujours peur et fait des cauchemars. Il veut rentrer chez lui. © S. Hejji / HI

Il est très fréquent que les personnes blessées par des armes explosives ne puissent pas accéder à des soins médicaux appropriés en raison des bombardements et des pilonnages intenses qui détruisent des infrastructures vitales telles que les hôpitaux et obligent les gens à fuir. Dans les zones de guerre, en particulier lorsque des armes explosives sont utilisées à grande échelle, la prévalence du handicap au sein de la population augmente. En Syrie, au Yémen, en Ukraine et à Gaza, des générations entières ont été mutilées par les armes explosives.

« Les informations de l'Observatoire des armes explosives montrent une augmentation dévastatrice des souffrances humaines causées par les bombardements et les pilonnages. Chaque jour, il devient de plus en plus évident que les États doivent agir. Les violences avec des armes explosives a touché 75 pays et territoires, soit un tiers des pays et territoires dans le monde. Les États doivent immédiatement mettre en œuvre l'accord international visant à protéger les civils des conséquences de l'utilisation des armes explosives. Ils doivent mettre en place des politiques concrètes pour atténuer les souffrances humanitaires causées par les bombardements et les pilonnages sur les villes. Nous demandons aux États d'adopter une position ferme lors de la conférence d'Oslo du 23 avril, qui sera la première conférence de mise en œuvre de cet accord international », explique Alma Taslidžan, responsable du plaidoyer chez HI pour les armes et la protection des civils

Des pays et des territoires devenus invivables

Gaza, Ukraine, Syrie, Yémen, etc. autant de territoires où il est devenu impossible de vivre après des bombardements et des pilonnages massifs.

Les bombardements israéliens sur la bande de Gaza et les six mois d'hostilités ont endommagé ou détruit plus de 60 % des logements et anéanti la plupart des infrastructures dans le nord et le centre.

Les personnes qui retournent actuellement à Khan Younes, à Gaza, découvrent un paysage de décombres et de débris. La contamination par des munitions non explosées représente un danger pour la population qui revient et entrave toute reconstruction qui nécessitera de longues et complexes opérations de déminage.

Un schéma systématique de souffrances pour les civils

Les bombardements et les pilonnages en zones peuplées ont un impact systématique et indiscriminé sur les civils. Ils causent aux civils des dommages systématiquement observés par les organisations humanitaires dans les conflits armés et qui sont exacerbés dans les zones densément peuplées, comme Gaza :

  • Elles tuent et blessent dans leur grande majorité des civils : les chiffres établissent que dans le monde 90 % des armes explosives dans les zones peuplées touchent des civils.
  • Elles provoquent des blessures complexes difficiles à soigner et entraînent souvent des handicaps.
  • Elles détruisent les infrastructures civiles essentielles telles que les hôpitaux, les écoles et les maisons.
  • Elles provoquent des déplacements massifs de populations qui tentent de se protéger des bombardements et des pilonnages.
  • Elles laissent des restes explosifs de guerre, empêchant la population de revenir une fois les combats terminés et obligeant à des opérations de déminage longues et complexes.

La Conférence d'Oslo, pour agir maintenant

Le 23 avril 2024, plus de 250 délégués de 86 États et de la société civile se réuniront à Oslo pour discuter de la mise en œuvre de l'accord international visant à mieux protéger les civils contre l'utilisation des armes explosives en zones peuplées (EWIPA). À ce jour, 86 États au total ont adhéré à l'accord.

Ils doivent agir maintenant. Cet accord doit se transformer en politique concrète.


* HI est cofondatrice de INEW en 2011.

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